"Le plat pays" (Jacques Brel)
Ou comment il sera question de gommes fantaisie, d'étiquettes de vêtement et de chèques en blanc
Y'en a qui collectionnent les bouchons de champagne. Y'en a qui collectionnent les migraines. Y'en a qui roulent leurs bosses du Brésil en Ukraine, et y'en a même ... Même, qui comme moi, qui ont subi une dérive financièrement contestable.
11 ans : je collectionne les étiquettes de vêtement, youpie Benetton et Pimkie c'est trop de la balle, est ce que Mickaël viendra à la boum vendredi, tu m'écris un mot sur mon agenda Chipie?
14 ans : je m'assume budgétairement avec mes 100 francs d'argent de poche par mois, je collectionne les gommes fantaisie.
24 ans : je gagne à peu près ma vie mais je n'assume plus rien financièrement, et si je collectionnais les bottes Isabel Marant?
Au commencement était le daim. Gris beige, avec des gros collants, je faisais ma Pocahontas sur les sentiers poudreux de la capitale.
Puis vint le mélange cuir et toile. Eté, hiver, Ebay, pas cher.
Enfin, le cuir. L'aboutissement, le "qu'on-s'achète-en-soldes-en-priant-pour-qu'il reste-la-pointure". Mais quand on aime, on ne compte pas, ou plutôt, on compte mal. Il restait un 40. Je vais mettre des collants sans pieds. Une collectionneuse est prête à tous les sacrifices.
Forcément j'y suis pour rien, c'est la faute à la Nature, elle qui m'a faite longue comme un lampadaire. Elle qui m'a condamné à ce plat pays qui est le mien. Papa, maman, monsieur Truchon, docteur, c'est grave, dites?
Et vous, une collection à déplorer dans vos commodes et autres penderies ?
PS : une bonne fée m'a déniché le modèle en 41. Si jamais une lectrice qui fait du 40 souhaite acquérir celles-ci, neuves, à prix soldé (assez introuvables, ticket de caisse faisant foi), on sera deux... méga-heureuses?